Théâtre immersif de forêt

Création 2020-25

   Librement inspiré de
« Sur les ossements des morts » d’Olga Tokarczuk,
« Les Grands Cerfs » de Claudie Hunzinger,
« Manières d’être vivant » de Baptiste Morizot

Sortir du cadre, passer de l’autre côté de la nuit.

Expérimenter un imaginaire plutôt qu’imaginer une expérience.
Aller voir qu’elle est la disponibilité humaine au DEHORS.

Janina Ducheyko vit dans la forêt, à la lisière de deux mondes : humain et animal, dans un interstice trouble. Amoureuse inconditionnelle de la nature, traductrice de la poésie de Blake, elle essaie d’appliquer ses idées à la réalité contemporaine. Lorsqu’une série de meurtres étranges frappe les environs, la police enquête. Mais bientôt, les traces retrouvées sur les lieux des crimes laisseront penser que les meurtriers pourraient être… des animaux !

Les cinq acteurs-musiciens-danseurs sur le qui-vive, content une histoire et jouent dans une zone trouble, à la lisière du visible et invisible, à la frontière de porosité avec le monde qui nous entoure. Quel est ce nouveau jeu d’acteur.trice ? Chercher et échouer forcément dans « le devenir animal » et « le devenir chasseur ». Cependant exiger d’aller chercher en soi le corps enfoui, feuilleté d’ancestralité animale, de vie sauvage et d’en réveiller les puissances. Une manière d’être sur le qui-vive, immergé, toujours au dedans d’un monde.

Guidé par Janina Ducheyko, le spectateur.trice déambule dans la forêt nocturne, s’y perd, interroge ses peurs, questionne sa présence dans la nature. Sommes-nous des animaux comme les autres ? Jusqu’où peut-on aller pour défendre la nature ? Qu’avons-nous perdu ? À quoi tient notre vitalité ?

À travers plusieurs stations, les spectateurs.trices déambulent dans l’intimité de l’habitat forestier de Janina, avec ses chants de douleurs, de colères et de joie, jusqu’au dernier repas partagé – une soupe à la moutarde, qui ouvre le questionnement et la discussion sur les moyens utilisés pour la préservation du vivant et notre propre endroit de sensibilité.

Entre temps, ils/elles assistent à une enquête policière dans un fourgon emménagé en commissariat, s’amusent au bal des Cueilleurs de Champignons où tous.tes portent un masque d’animal dans une étrange fête foraine, découvrent la microscopique vie d’insectes des bois dans une scène d’amour entre deux amants.

Nous sommes quelque part entre les mystères inconscients de David Lynch, plongée dans une inquiétante étrangeté, et au plus près du personnage de Janina Ducheyko qui nous propose simplement un autre point de vue sur la réalité. Certes, elle est éco féministe comme on en rencontre de plus en plus aujourd’hui dans notre société désirante de renouer les liens avec d’autres manières d’être vivants. Mais elle est probablement plus radicale que vous et moi.

Sa proposition d’être à la fois élargie, élevée et approfondie frôle l’impossible, et marque une impasse dans le tragique non-retour de notre civilisation.

Nos projets de théâtre se situent toujours sur le seuil de pluridisciplinarité. Nous travaillions à la lisière du théâtre, de la danse et de la musique. Le spectacle ne s’expose pas, mais il cherche à exposer les spectateurs à quelque chose, à un vécu, un dispositif de questionnement, une expérience.

Cadre des liens

Notre démarche inclut une restitution de la parole aux spectateurs.trices après le spectacle, dans un temps de rencontre convivial et ouvert : à chacun.e d’exprimer, creuser, questionner son positionnement, à l’écoute de celui des autres, jusqu’à former une communauté diverse et, on l’espère, complémentaire, capable de s’appuyer les un.e.s sur les autres pour s’ouvrir au non-humain.

C’est donc une semaine entière, qui multiplie les approches (expérientielle, intellectuelle, contemplative, réflexive, relationnelle) et pas simplement un spectacle que nous proposons. Nous tissons des liens, entre les gens, la forêt, les animaux qui l’habitent, les idées, les corps, les postures, renouvelant ainsi, par une approche environnementale ancrée autour d’une immersion parmi la forêt et la vie animale, le vieux rêve d’un théâtre total, dont la forêt serait le lieu parfait.